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« Eviter le raccourci entre Démocratie et Droits de l’Homme »

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Pierre Gaillard décrypte les rapports entre Droits de l’Homme et Démocratie. Affirmant que les Droits de l’Homme sont universels, il pense également que c’est un mouvement venant des peuples qui portera ces principes dans les pays autoritaires, comme la Chine.

Pierre Gaillard est président de la fédération iséroise de la Ligue des Droits de l’Homme (LDH). Membre du Comité central de la LDH

Entretien réalisé le 31/03/2009

Peut-on dire que les droits de l’homme sont universels ?
Pierre Gaillard - On considère que la Déclaration des Droits de l’Homme, voire la 1ière déclaration de 1789 sont issues d’une certaine pensée judéo-chrétienne. Ces déclarations ont également été influencées par le courant des Lumières. La déclaration des Droits de l’Homme de 1945 vient après un traumatisme mondial, celui de la deuxième guerre mondiale. Il fallait faire quelque chose pour que la paix revienne. On a alors essayé de faire quelque chose qui correspond àl’universalisme, avec de nombreux principes philosophiques ou religieux. La déclaration parle de droits humains (human rights en anglais). Cela traduit une ouverture et une acceptation large. D’ailleurs peu de pays ont refusé de signer.
Maintenant, les droits de l’homme sont des principes pour le peuple. C’est-à-dire que les peuples ont le droit aux Droits de l’Homme. Ceux qui contestent, ce sont les gouvernants Vous ne verrez jamais de peuple contre la liberté d’opinion. Les Droits de l’Homme viennent d’en bas. C’est un désir des peuples. La répression contre ces principes vient d’en haut

Les Droits de l’Homme sont-ils liés àla démocratie ? Ou peuvent-ils s’exporter dans tous les régimes ?
PG - Je pense qu’il faut distinguer Droits de l’Homme et démocratie. La démocratie est un peu un fourre-tout. Pour l’instant, on pense que c’est le meilleur des régimes. Pour l’instant…
Les Droits de l’Homme sont une acceptation philosophique : tous les hommes naissent libres et égaux en droit. Ce n’est pas un principe démocratique mais un principe d’égalité des droits. Il faut donc éviter le raccourci entre Démocratie et Droits de l’Homme. Mais, comme principe philosophique, les droits de l’homme sont universels et peuvent donc s’exporter. Mais pas sous n’importe quel type de régime. Ils sont restreints dans leur capacité d’expression quand il y a un régime autoritaire. Par exemple, la présidente de la LDH en Tunisie ne peut se déplacer librement. Certes, il est plus facile de faire respecter ces principes dans une démocratie.
Mais est-ce que la démocratie est la panacée ? D’ailleurs, pensez-vous que la France et les pays occidentaux respectent les Droits de l’Homme ?

Quel avenir pour les Droits de l’Homme ?
PG - Faut-il repenser les Droits de l’Homme ? Il y a des gens qui y ont réfléchi. Mais je ne pense pas que ce soit la solution. On ne peut les considérer comme désuets car ils n’ont pas encore été appliqués dans leur totalité. Exemple : Egalité des salaires entre hommes et femmes est loin d’avoir été atteinte. C’est d’ailleurs pour cela que la Ligue des Droits de l’Homme...

On en a beaucoup parlé cet été durant les JO de Pékin. Pouvez-vous apporter un éclairage sur la situation des Droits de l’Homme en Chine ?
PG - Le régime chinois fait des concessions sur les droits de l’homme. Mais ce n’est pas aux dirigeant de dicter les droits de l’homme, c’est au peuple de les revendiquer et de les obtenir. Actuellement, 7000 intellectuels chinois font une Charte, un peu comme Vaclav Havel l’avait fait en Tchécoslovaquie. Mais la Chine est un pays d’1 milliard d’habitants, avec de grosses différences entre les populations… C’est une machine monstrueuse àfaire marcher. Il serait prétentieux de dire qu’on a les capacités de renverser la vapeur du côté du régime chinois. Le peuple chinois y arrivera lui-même certainement. La revendication des Droits de l’Homme vient des peuples, vient d’en bas. Mais, au vu de notre passé, et notamment des colonies, avons-nous des leçons àdonner ? Nous avons certes plus de libertés, mais ce n’est pas encore l’idéal.

Table ronde - La démocratie peut-elle s’exporter ?




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