Osons !

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« C’est osé !! » Le langage courant débusque dans cette formulation toute l’impudence d’une audace dont on ne sait plus très bien s’il faut en admirer l’affranchissement résolu des normes en vigueur, ou s’il faut en regretter, par anticipation la prise de risque inconséquente.
Et pourtant, combien de fois – quelle que soit notre place d’acteur professionnel dans la maison Education Nationale - avons- nous proposé ce viatique : « Ose, Osez, Osez essayer » à des élèves en panne, à des jeunes pétrifiés devant l’ampleur de la tâche et devant l’importance supposée des enjeux.

Aujourd’hui, il convient de se doter, soi – même d’abord de ce viatique : Osons !
« Penser, c’est oser » prétendait l’essayiste et philosophe Alain qui ajoutait aussitôt : « Agir, c’est oser ».
Sur les nécessaires transformations à mettre en œuvre au sein de l’institution scolaire -refonder les rapports de l’élève au savoir, à l’adulte, à soi-même- pour qu’elle soit davantage conforme à son idéal démocratique et aux défis de l’heure, tout semble avoir été pensé et dit ; alors, agissons en osant essayer :
  osons sortir des sentiers battus.
  osons troquer l’illusoire blouse égalitaire d’antan contre les tee-shirts de la mixité sociale et culturelle.
  osons reconnaître que les contestations (chahuts / violences) sont moins dommageables que les défections (décrochages et ruptures scolaires) car la défection rompt le lien.
  osons improviser face à l’inédit (ce qui est différent d’aller jusqu’au bout de ce que l’on avait préparé quoi qu’il advienne).
  osons cultiver la distance amusée, l’humour bienveillant qui dédramatise (à ne pas confondre avec l’ironie mordante qui blesse et stigmatise ).
  osons rendre la fréquentation du savoir moins intimidante, moins dogmatique ( en renonçant à la posture avantageuse – car hors d’atteinte – du surplomb qui professe)
  osons faire partager – patiemment, opiniâtrement- la nécessité des contraintes et les mérites de l’effort exigé par une activité intellectuelle.
  osons analyser la part qui nous incombe dans les « ruptures » et prendre en charge la part qui nous revient comme recours possible.

La rupture renvoie :
 au fait de rompre sous l’effet d’un choc (rupture de digue),
 au fait de s’interrompre brutalement (rupture de négociation),
 au fait de considérer comme nuls des engagements antérieurs ( rupture de fiançailles ).
Alors, osons nous en tenir aux faits et inventons des digues au dessus de tous soupçons ; des espaces de négociations qui ne confondent pas l’affirmation d’une autorité structurante avec le déni et la soumission ; des « fiançailles » prometteuses qui aimantent le désir d’école et ne se dissolvent pas inéluctablement en épousailles mornes minées par l’habitude et la codification réglementaire.

 CLEPT
 Table ronde - Education et recherhce : quelle démocratisation du savoir ?




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