Combattre les préjugés, pour vivre ensemble
Cité Plurielle organise chaque année à Echirolles toute une semaine de
rencontres, de spectacles, d’expositions, de débats, de projections de films, de repas et d’échanges dans toute la ville avec pour but de faire avancer le “vivre ensemble”, de faire reculer le racisme en abordant courageusement, au risque de s’affronter, les questions douloureuses qui fragilisent notre société.
"Cité Plurielle crée du lien, mais de là à changer l’action engagée par la collectivité
locale, je ne sais pas… »
Pourtant, on voit bien qu’en 14 ans, les lignes ont bougé. La meilleure preuve c’est la nouvelle composition du Conseil Municipal. Le Maire a proposé à plusieurs militants de Cité Plurielle de prendre place sur sa liste. Et c’est quand même remarquable, alors qu’on se souvient d’affrontements bloqués, il y a quelques années, par exemple sur le port du voile, de voir que ça pose moins de problème au sein de cette instance de représentation démocratique. Les mentalités ont
changées.
Le port du voile n’est plus considéré forcément comme une régression ou une soumission de la femme. En fait, chaque débat fait changer les protagonistes. On se souvient des échanges avec le MRAP préconisant la “discrimination positive à l’emploi” alors que d’autres, au sein de Cité Plurielle étaient déterminés sur la nécessité de défendre l’embauche sur le seul critère de la compétence. Cependant, la discrimination positive a eu une certaine forme d’efficacité. Chacun a dû relativiser son point de vue. Mais le projet de Cité Plurielle est trop ambitieux pour qu’on puisse en mesurer ses effets simplement.
Il s’agit d’agir pour un monde sans racisme et plus égalitaire. On ne peut que rester humble. En face, il y a des préjugés tellement ancrés et confirmés chaque jour par l’action de médias comme TF1.
« Ces préjugés, on les rencontre en permanence dans la vie quotidienne, pire, on les porte en nous, même quandon est conscient et actif sur ces questions. »
« J’accompagne les jeunes, je suis agent de développement, et quand je téléphone pour eux, sur mon nom, on me demande mon N° d’identification… »
« On sait bien que tout ça, ce n’est pas forcément du racisme, ce sont des préjugés, des représentations derrière lesquels on se protège par ignorance. C’est contre cela qu’il faut se battre, dénoncer, agir. »
« Le racisme, c’est beaucoup plus difficile à faire changer, un raciste convaincu, Cité Plurielle n’y peut pas grand chose. »
L’outil, c’est la parole, c’est l’expression. C’est par des formes d’expression différentes qui rendent compte de la réalité de la vie de chacun qu’on combat ces préjugés et l’ignorance. La parole permet à des gens exclus de reprendre pied. La parole ou l’écrit puisqu’il y a aussi les ateliers d’écriture ou le marathon d’écriture par le passé. Et beaucoup passe par l’émotion.
On n’est pas ici dans une instance de participation classique où les participants ont besoin de vérifier la prise en compte de leur parole dans des décisions et des changements rapidement effectués. Les participants de Cité Plurielle sont là autant pour “changer la société” que pour se changer eux-mêmes. Et pour ça, la rencontre des autres, le plaisir de l’échange, l’expression sont les ingrédients d’un attachement.
Table Ronde - Représenter les Minorités